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Le conclave convoqué par le Premier ministre François Bayrou le 17 janvier 2025 a réuni les principaux partenaires sociaux pour discuter des suites de la réforme des retraites de 2023. Cette réforme, adoptée dans un climat de tensions sociales, avait été vivement critiquée pour avoir relevé l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans, un point central de désaccord entre les syndicats et le gouvernement. Cette réunion, présentée comme une tentative d’ouvrir un dialogue constructif entre les organisations patronales et syndicales, a suscité des réactions diverses et marquées parmi les syndicats.
Marylise Léon, à la tête de la CFDT, a salué l’ouverture des discussions en indiquant que « ça commence plutôt bien », citant notamment la volonté partagée d’aborder les enjeux de pénibilité et l’impact de la réforme sur les femmes, deux sujets jusqu’alors insuffisamment traités. Elle a insisté sur la nécessité de distinguer entre un « diagnostic social » et un « diagnostic financier », affirmant que ce dernier doit s’appuyer sur les travaux du Conseil d’orientation des retraites (COR), perçu comme « un espace de consensus démocratique ». La CFDT demande que trois thématiques soient abordées en priorité : l’âge légal, les enjeux de pénibilité et l’impact de la réforme sur les retraites des femmes. Marylise Léon plaide pour une transparence accrue et une ouverture sur des solutions alternatives.
Pour Sophie Binet, la position de la CGT reste inchangée : « Il faut abroger la réforme des retraites ». Elle préconise de revenir en priorité sur la mesure de l’âge avant d’envisager d’autres thématiques, comme la reconnaissance de la pénibilité via la réintégration des dix critères précédemment abandonnés. Critiquant un déficit démocratique dans l’adoption de la réforme, elle exige que le peuple ou le parlement aient le dernier mot. Sophie Binet appelle aussi à une plus grande clarté sur les chiffrages financiers, rejetant toute tentative de fusion entre les régimes publics et privés. Selon elle, une telle fusion risque de diluer les spécificités des régimes publics, notamment en matière de garanties pour les salariés et fonctionnaires, et de créer des inégalités dans les droits à la retraite.
Laurent Escure, secrétaire général de l’Unsa, prône une approche qui inscrive les discussions dans un cadre d’intérêt général. Il estime que la question de l’âge doit être abordée de manière globale et tripartite, avec une participation équilibrée des différents acteurs. Selon lui, chaque avancée constitue une opportunité pour « retirer ce kyste de l’âge qui reste en travers de la gorge des salariés ».
Pour Cyril Chabanier, président de la CFTC, il est indispensable d’aller chercher des « financements extérieurs » pour rétablir l’équilibre financier des retraites. Il note une réticence des organisations patronales à revenir sur l’âge de 64 ans. Tout en affirmant que la responsabilité de l’État employeur doit être assumée, il met en garde contre une limitation des discussions aux seules questions d’âge et de durée de cotisation.
Frédéric Souillot, de Force Ouvrière, s’oppose fermement au format de la concertation, déclarant qu’il refuse de mélanger les régimes publics et privés. Il estime que cette approche risque de provoquer une perte d’équilibre entre les spécificités des deux systèmes, notamment au détriment des garanties offertes aux agents publics, tout en compliquant la gestion des régimes. « Si le format ne change pas, ce sera sans nous », prévient-il. FO ne voit dans cette concertation aucun lien avec l’objectif présenté de la réforme et affirme ne pas chercher à l’améliorer mais à la combattre.
François Hommeril, président de la CFE-CGC, s’inquiète de l’approche globale adoptée par le Premier ministre. Il rappelle que les régimes par répartition gérés par les partenaires sociaux ne peuvent être fusionnés avec les régimes du privé. Selon lui, tenter de le faire reviendrait à « ajouter du sel dans le gâteau », compliquant encore davantage une situation déjà tendue.
Le conclave du 17 janvier 2025 marque un premier pas vers un dialogue social nécessaire mais difficile sur la réforme des retraites. Pour surmonter les divisions entre les partenaires sociaux, il serait pertinent d’établir des groupes de travail thématiques, de garantir une transparence totale des discussions et de s’appuyer sur des institutions neutres comme le Conseil d’orientation des retraites. Ces pistes pourraient favoriser une meilleure compréhension mutuelle et l’émergence de solutions partagées. Les réactions syndicales montrent des divisions profondes sur les méthodes et les priorités, rendant incertaines les chances d’aboutir à un consensus. Cependant, cette réunion souligne l’importance de discussions transparentes et inclusives pour relever un défi sociétal majeur.
Par Pascal NAUD
Président www.naudrh.com
Contact naudrhexpertise@gmail.com