Le nombre limité des avis d’incompatibilité prononcés par la Commission de déontologie s’explique par le fait que la majorité des dossiers relatifs à des départs incompatibles avec la déontologie sont bloqués en amont par les administrations.
«Relever quelques appréciations ou affirmations inexactes» : la Commission de déontologie a visiblement été échaudée par l’atteinte portée à son image par l’«affaire Pérol». Son rapport d’activité pour l’année 2008, présenté le 25 juin, en témoigne largement.
Cette commission est chargée d’apprécier la compatibilité entre les activités publiques et privées que peuvent exercer les agents publics, en cas de mise en disponibilité, de détachement, de mise en position hors cadre, ou après une cessation temporaire ou définitive de ses fonctions.
Dossiers bloqués
Le rapport se révèle extrêmement critique envers les administrations qui profitent de cette lacune. Ainsi s’explique le nombre limité des avis d’incompatibilité : «la très grande majorité des départs envisagés qui s’avéreraient incompatibles avec la déontologie, sont bloqués en amont par les administrations, qui ont pu trouver tout : les dossiers ne sont alors pas présentés.»
La commission regrette aussi les hypothèses, dont celle de l’«affaire Pérol» dans lesquelles l’agent et son administration s’accordent pour ne pas saisir la commission alors qu’elle aurait dû obligatoirement l’être.
Vers l'autosaisine ?
La commission de déontologie estime qu’elle devrait dans cette hypothèse pouvoir se saisir elle-même du dossier. Elle souhaite instamment que les propositions de loi déposées en ce sens par les députés Jean-Luc Warsmann et Bernard Derosier, qui instituent une obligation de saisine pour les membres des cabinets ministériels (auxquels sont assimilés les membres du secrétariat général de la présidence de la République), puissent être adoptées cette année afin précisément de «combler les lacunes du contrôle déontologique».
Pour mémoire, l’ex secrétaire général adjoint de l’Élysée, François Pérol, a été nommé à la direction du groupe Bancaire des caisses d’Épargne populaire. Ce départ a déclenché une vive polémique, puisque ni le fonctionnaire, ni l’Élysée, n’avait saisi la commission pour avis.
La commission, présidée par Olivier Fouquet, regrette les attaques alors portées contre l’institution et ne manque pas de rappeler que le législateur a laissé subsister une lacune dans le contrôle de déontologie : «Encore faut-il que la commission soit saisie.»
Pour accéder au rapport : cliquer ici