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Le recrutement dans la fonction publique territoriale est souvent perçu comme un processus long et complexe, où les candidats s’engagent dans un parcours sélectif avec des règles bien définies. Cependant, un phénomène inédit, et pourtant de plus en plus répandu, vient bousculer cette routine : le "career catfishing". Ce terme désigne le comportement de candidats qui, après avoir franchi plusieurs étapes d'un processus de recrutement, parfois jusqu'à la signature d'une promesse d'embauche, se "volatilisent" sans explication. Ce phénomène, bien qu'observé principalement dans le secteur privé, semble également se répandre dans la fonction publique territoriale.
Le "catfishing", une pratique initialement utilisée dans les relations en ligne pour décrire l'usurpation d'identité, est aujourd'hui transposé au domaine du recrutement, formant ainsi le phénomène de "career catfishing". Ce dernier se caractérise par des candidats qui, après avoir montré un intérêt fort pour une offre d'emploi, et parfois même accepté une proposition, disparaissent soudainement. Un tel comportement est souvent perçu comme déstabilisant par les recruteurs, notamment dans la fonction publique territoriale, où la lenteur des processus administratifs est déjà un défi bien connu.
Selon une étude menée en janvier 2025 par CVGenius, 34% des jeunes de moins de 27 ans avouent avoir eu recours à ce phénomène. Pourquoi ? Les raisons sont multiples, mais l’une des principales réside dans le déséquilibre entre les attentes des candidats et la lenteur des processus de recrutement. En effet, la fonction publique, souvent perçue comme garante de stabilité, est aussi synonyme de bureaucratie et de délai de réponse trop longs. Pour les candidats, cet état de fait peut conduire à une forme de frustration. Ils se retrouvent à postuler à plusieurs offres en parallèle et, une fois qu’ils obtiennent une réponse rapide d’un autre employeur, abandonnent l’offre initiale sans prévenir.
Le phénomène du "career catfishing" entraîne des conséquences directes pour les recruteurs, souvent coûteuses en temps et en ressources. Lorsqu'un candidat, après plusieurs mois de sélection, renonce à une promesse d’embauche ou ne donne plus de nouvelles, cela perturbe tout le processus de recrutement. Ce retard dans l'intégration des nouveaux collaborateurs crée des lacunes dans les équipes, impacte l’organisation et oblige les recruteurs à recommencer un processus déjà éprouvant.
Au-delà des aspects logistiques, ce phénomène nuie à l’image de l’employeur public. Lorsqu’un candidat abandonne subitement une promesse d’embauche, cela peut être perçu comme un signe de dysfonctionnement dans la gestion du recrutement, voire un manque de professionnalisme. Dans un contexte où la guerre des talents fait rage, maintenir une image positive est essentiel. La perte d’un candidat de qualité à cause de la lenteur administrative est un risque qui, à terme, pourrait nuire à l’attractivité des postes publics.
Il ne fait aucun doute que le "career catfishing" est un phénomène en pleine croissance. En 2025, près de 34% des jeunes de moins de 27 ans avouent y avoir recours, ce qui montre l’étendue de cette pratique dans une génération en quête de réactivité. Mais au-delà de cette tranche d’âge, il est également évident que les délais de réponse des recruteurs publics sont un facteur clé dans cette évolution. De nombreux candidats, insatisfaits de l'attente prolongée entre la candidature, l’entretien et l’offre, décident de chercher des opportunités ailleurs, notamment dans des entreprises privées où la réponse est souvent plus rapide.
Cette tendance est donc en grande partie liée à la lenteur des processus de recrutement dans la fonction publique, qui peine à répondre aux besoins de réactivité des candidats. En effet, les candidats ne veulent plus attendre des mois pour savoir s’ils ont été retenus. Ils préfèrent accepter une offre ailleurs plutôt que de courir le risque de voir une autre opportunité leur échapper à cause de délais trop longs.
Pour contrer le phénomène du "career catfishing", il est essentiel pour les employeurs publics d’adopter une approche plus réactive et plus agile dans leurs pratiques de recrutement. Voici quelques pistes pour y parvenir :
1. Réduire les délais de recrutement : le premier levier consiste à accélérer les processus de recrutement. Cela peut passer par l’utilisation de technologies de gestion de candidatures qui permettent d’automatiser une partie des étapes et de raccourcir les délais entre chaque phase du recrutement.
2. Améliorer la communication avec les candidats : il est essentiel de maintenir un contact régulier avec les candidats, même s'ils n'ont pas encore été sélectionnés. Des relances et des informations transparentes sur l’avancement de leur candidature permettent de garder leur attention et de limiter le risque qu’ils n’acceptent une autre offre.
3. Repenser la gestion des délais administratifs : les employeurs publics pourraient également revoir les délais administratifs associés au recrutement. Simplifier les procédures et alléger certaines étapes (par exemple, la gestion des concours) peut rendre les processus plus flexibles et permettre de répondre plus rapidement aux candidats.
4. Mettre l’accent sur l’expérience candidat : offrir une expérience candidat fluide et positive est crucial. Un entretien soigné, une prise en charge rapide de la candidature, et une gestion efficace du feedback sont des éléments qui contribuent à renforcer l'engagement des candidats.
5. Proposer une flexibilité accrue : enfin, les employeurs publics peuvent gagner en attractivité en offrant des conditions de travail flexibles, qui répondent davantage aux attentes des nouvelles générations, notamment en termes de télétravail, de gestion du temps et d’opportunités de carrière diversifiées.
Le "career catfishing" met en lumière les faiblesses d’un système de recrutement public souvent perçu comme rigide et lent. Pour limiter ce phénomène, les employeurs publics doivent réagir en modernisant et en optimisant leurs processus de recrutement, afin de répondre plus rapidement aux attentes des candidats. Cela inclut la réduction des délais administratifs, la réactivité dans la communication avec les candidats, et l’adoption de pratiques plus modernes et flexibles.
L’avenir de la fonction publique territoriale dépend de sa capacité à s’adapter à un marché du travail en constante évolution, où la réactivité et la transparence sont devenues des impératifs pour attirer et retenir les talents.
Avis www.naudrh.com : le "career catfishing" illustre parfaitement les dysfonctionnements qui peuvent émerger dans des systèmes de recrutement trop rigides et lents. Pour attirer les talents, la fonction publique doit évoluer en termes de réactivité et d’innovation. En rendant leurs processus plus rapides, plus transparents et plus accessibles, les recruteurs publics peuvent non seulement limiter ce phénomène, mais aussi redorer l’image de la fonction publique auprès des candidats.
Par Pascal NAUD
Président www.naudrh.com
Contact naudrhexpertise@gmail.com