Le Burn Out est un état d’épuisement mental, physique et émotionnel grave qui touche l’être humain. Il peut être également défini comme une déflagration, résultat d’une rencontre passionnée et passionnelle entre, d’une part, un candidat (ou une équipe), bourré de talent et de générosité et, d’autre part, un projet qui inspire le dépassement et une entreprise dont toutes les forces vives sont tendues vers la performance. Il survient après de longs mois, ou années, d’exposition à des situations de stress intense. Trois types de symptômes le caractérisent : un épuisement physique et intellectuel extrême, la disparition de l’empathie et déshumanisation, la perte de l’enthousiasme pour le travail.
Parmi les facteurs personnels qui déclenchent l’implosion, peuvent être recensée: la tendance au perfectionnisme et le rapport (outrancier) à l’exigence, le culte excessif de la performance, le peu d’estime de soi, la difficulté à mettre les limites, le désir immodéré de plaire, un niveau anormal d’anxiété intérieure, une certaine forme de rigidité, la difficulté de reconnaître et d’exprimer ses émotions, les comportements de type « sauveur » et, finalement, le fait d’accepter de piétiner et de fouler, jour après jour, au « nom de la raison d’Etat » (et parfois de l’image sociale), les valeurs personnelles et le contact avec soi qui nourrissent le sens que nous décidons de donner à nos vies. L’épuisement professionnel est le reflet d’une fracture entre la personne et son intériorité.
La recherche médicale reconnaît l’existence d’une relation entre des styles managériaux à caractère abusif, irrespectueux, menaçant, hostile, harcelant, dépourvu de signes de reconnaissance et le risque accru des maladies précitées parmi les collaborateurs dont ces managers ont la responsabilité. Ce n’est pas tout d’être un cadre bardé de brillants diplômes, ayant un historique de performances techniques et financières exceptionnelles qui, tel un mercenaire, est propulsé pendant quelques mois à la tête de services pour en réduire les coûts pour rebondir vers d’autres sommets, laissant des hommes et des femmes sur le flanc dans l’attente de la prochaine vague de changements. Encore faut-il entretenir la compétence liée à l’intelligence du cœur, la lucidité et le courage managérial qui consistent à connaître ses forces et limites, accepter de l’aide pour s’améliorer, écouter et prendre au sérieux l’avis des personnes dont on a accepté la responsabilité, respecter ses engagements, préserver une cohérence intérieure ancrée dans des valeurs, promouvoir le sens de la solidarité et celui de l’attitude « juste » dans le souci du bien commun. Surtout lorsque les temps de crise obligent malheureusement à prendre des décisions humainement difficiles. En résumé, ne pas infliger à l’autre ce qu’on n’aimerait pas se voir infliger à soi.
Seul, tant au niveau personnel qu’à celui de l’entreprise, il est très difficile de s’en sortir. Il y a souvent lieu de faire appel à un tiers pour sortir de ses schémas, aussi intelligent soit-on. Accepter que les recettes appliquées jusqu’ici n’ont pas amélioré la situation est décisif. La confrontation à l’inefficience récurrente doit amener à réfléchir autrement et à renoncer à l’illusion de la « toute puissance ». Le constat de devoir changer de niveau de lecture, de perspective et de raisonnement exige humilité, courage et bienveillance, tant vis-à-vis de soi que de ses collaborateurs.
L’épuisement professionnel affecte les plus doués et les plus enthousiastes. Il éclaire les nouveaux défis auxquels les individus et les organisations sont obligés de réagir au risque de suffoquer.
Le Burn Out n’est pas seulement une question de gestion d’énergies et de compétences. Il renvoie urgemment à des questions de choix de société en termes de cohérence intime et sociétale, de style de consommation, de priorité des valeurs, de solidarité, de morale managériale. Le Burn Out nous force à nous engager – ici et maintenant – par rapport à des questions essentielles et urgentes qui portent sur la nature de nos relations, sur notre engagement au Monde et sur ce que nous décidons de transmettre à ceux qui nous suivent.
Source: WRH