Le taux d’emploi des personnes handicapées dans la fonction publique
Total des trois versants de la fonction publique
2005 | 2006 | 2007 | 2008 |
3,7% | 4% | 4,2% | 4,4% |
Sévère, mais exemplaire : parallèlement à la forte pression qu'il met depuis plusieurs années sur les entreprises, l'État montre la voie en matière d'emploi des personnes handicapées. Les trois versants de la fonction publique ont en effet produit des efforts considérables ces dernières années, et comptent désormais plus de 200.000 agents handicapés, contre 163.500 en 2005. Résultat, selon des données que vient de publier Bercy, le taux d'emploi d'handicapés a atteint en 2008 (dernières données disponibles) 4,7 % dans les hôpitaux, 4,6 % dans les collectivités locales et 4,1 % dans la fonction publique d'État.
Au global, le taux moyen s'élève désormais à 4,4 %, contre 2,8 % dans le secteur privé, où il peine toujours à décoller. Autre signe que la dynamique est lancée : une centaine d'employeurs (ministères, villes, hôpitaux…), regroupant 51 % des effectifs de la fonction publique, ont aujourd'hui bâti un plan d'actions pluriannuel (formation, aménagement des postes, etc.) avec le Fonds pour l'insertion des personnes handicapées dans la fonction publique (FIPHFP), dont les recettes devraient atteindre quelque 184 millions d'euros cette année, selon ses dernières prévisions.
Les menaces ont fait mouche
Ces progrès sont le fruit d'un profond travail de sensibilisation sur le terrain… et de menaces qui ont fait mouche : comme dans le privé et en vertu de la loi handicap de 2005, les employeurs publics n'atteignant pas 6 % d'agents handicapés doivent verser une contribution financière au FIPHFP, équivalent de l'Agefiph dans le privé. Dans la fonction publique d'État, le gouvernement a même redonné un coup de fouet fin 2007 en créant une nouvelle règle : chaque année, des crédits sont désormais strictement réservés à l'embauche de personnes handicapées. « En clair, c'est “le fauteuil roulant ou la chaise vide”. Cela a fait réfléchir plus d'une administration », résume Didier Fontana, président du FIPHFP.
Manque de qualification
Beaucoup reste toutefois à faire pour atteindre le fameux taux de 6 % (objectif fixé par la loi de 2005) d'ici à 2012, comme y aspire le FIPHFP. Cela nécessitera quelque 70.000 nouveaux recrutements alors qu'un grand obstacle perdure : tout comme les entreprises privées, le secteur public est confronté au manque global de qualifications des personnes handicapées.
C'est d'ailleurs ce qui explique en partie le « retard » de la fonction publique d'État, où les profils de postes exigent des compétences moyennes plus élevées que dans la Territoriale et l'Hospitalière. A Bercy par exemple, 277 postes sont actuellement budgétés mais les candidatures de personnes handicapées de niveau bac + 2 ou plus manquent. Pour dépasser cette difficulté, le FIPHFP va encourager le recours à l'apprentissage, avec un objectif de 1.000 nouvelles entrées par an. « Cela permettra à la fois de développer les qualifications et de limiter le coût pour les employeurs publics qui jouent le jeu », insiste Didier Fontana. Dans la même optique, le Fonds développe des aides pour les étudiants handicapés se destinant à une carrière de fonctionnaire.
Les Échos du 27 octobre 2009